L’HOMME À LA MOTO
AGUSTíN TOSCANO – 1H33, ARGENTINE, 2019
AVEC SERGIO PRINA, LILIANA JUAREZ, LEON ZELARAYAN
Tucumán, en Argentine. Miguel tente de joindre les deux bouts en pratiquant le vol à l’arraché depuis sa moto. Un jour, alors qu’il dérobe son sac à une vieille dame, il la blesse grièvement. Rongé par la culpabilité, il tente de soulager sa conscience en s’occupant d’elle, sans lui dévoiler son identité. Mais plus il devient proche de sa victime, plus il s’empêtre dans ses mensonges et craint de lui révéler la vérité…
Commencé comme un film social, L’Homme à la moto emprunte par la suite des chemins inattendus. L’ironie s’insinue au fil d’une situation extravagante. Se faisant passer pour un voisin, Miguel aide en effet sa victime à revenir chez elle, tout en profitant de sa grande maison. L’antihéros s’amende et, à la fois, s’enferre dans le mensonge, faisant preuve de bonté comme de perversion, son naturel filou demeurant. Dans ces moments de cohabitation désopilants, se noue une curieuse relation entre le voyou au cœur mi-tendre et la dame, qui cache, elle aussi, une part indigne insoupçonnée. Agustín Toscano, qui signe là son deuxième long métrage fait preuve d’habileté en complétant le tableau domestique d’une vision plus large. Car son film est aussi la radiographie loufoque d’une petite ville surpeuplée d’Argentine, où tout part à vau-l’eau, où la police est en grève, où les habitants, dans le besoin, pillent allègrement les magasins. Dans cette débâcle généralisée, le sort du motard et de l’invalide ne manquera ni de piquant ni de morale.
Jacques Morice, Télérama