Great Freedom (Große Freiheit)
Sebastien Meise – 1h56, Autriche, Allemagne, 2021
avec Franz Rogowski, Georg Friedrich, Anton von Lucke
Hans Hoffmann est gay et l’homosexualité, dans l’Allemagne d’après-guerre, est illégale selon le paragraphe 175 du Code pénal. Mais il s’obstine à rechercher la liberté et l’amour même en prison…
Ce film rude et magnifique est un choc salutaire. À partir de témoignages recueillis en Allemagne et en Autriche, le réalisateur a imaginé l’histoire de Hans Hoffmann, un homme perpétuellement rattrapé par la prison, car coupable, à l’infini, d’être homosexuel. Déporté dans un camp de concentration, il n’en réchappe, au tout début de Great Freedom, que pour être remis derrière les barreaux. La loi qui le condamne sous le régime des nazis ne disparaît pas avec eux. Ce paragraphe 175 du Code pénal sera rendu moins punitif à partir de la fin des années 60 mais abrogé seulement en 1994… En dénonçant cette persécution institutionnalisée, le réalisateur signe un film engagé.
Mais pas un simple tableau de société. Avec la prison pour décor quasi unique, le spectateur est amené, comme Hans Hoffman, à perdre la notion du temps. L’enfermement efface la chronologie des faits. Seule compte la possibilité de résister : le détenu la trouve dans une révolte qui s’appelle l’amour. Avec deux comédiens qui se transcendent, Franz Rogowski et Georg Friedrich, la chronique carcérale devient une expérience physique, émotionnelle et même spirituelle. Sur fond de violente noirceur, Great Freedom fait surgir la lumière d’une humanité consolatrice, bouleversante.
Frédéric Strauss, Télérama
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