Anne Paceo
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Carte blanche à Anne Paceo

Circles + guests

publié le 17/02/2017

La batteuse / compositrice primée aux Victoires du jazz 2016 débarque à Besançon avec un projet explosif aux influences électriques. Entre chansons et embardées instrumentales, rythmiques telluriques et souffles libertaires, Circles déploie un groove organique, poétique et inspiré. Anne Paceo nous livre sur un plateau un groupe emblématique d’une nouvelle génération de musiciens, inventive et décomplexée : Leila Martial au chant, Christophe Panzani aux saxophones et Tony Paeleman aux claviers.
Sur une propostion de carte blanche des 2 Scènes, elle invitera Camélia Jordana, Naïssam Jalal et Sandra Nkaké à les rejoindre spécialement pour cette date à Besançon !

 

Comment est né Circles ?

A. P. : Nous avons d’abord fait un premier concert en 2015. J’avais besoin d’entendre le son des musiciens ensemble. Ensuite, j’ai composé la musique quand j’avais le son de chacun en tête et que je savais ce que chacun pouvait donner à ma musique.
À l’époque je jouais et écoutais pas mal de pop. J’ai eu envie d’un son de groupe plus électronique, moins acoustique, d’où la présence de Tony Paeleman aux claviers. Mes précédents disques étaient plutôt solaires. Là, j’avais envie et besoin d’une touche plus sombre à certains moments. Ce qui explique cette succession de tableaux, allant du clair à l’obscur, du dénuement total au bouillonnement, des tempêtes intérieures aux moments de calme et de plénitude. Finalement, ce disque est l’aboutissement d’une longue mue accomplie ces quatre dernières années. Et j’ai travaillé autour de la thématique des cercles, des boucles, du caractère cyclique du temps, des choses qui meurent puis renaissent sous une nouvelle forme.

Circles se situe entre différentes esthétiques, jazz, pop, électronique. Comment vous situez-vous ?

A. P. : À vrai dire, je n’aime pas les étiquettes. Les étiquettes sont faites pour les magasins de disques. Et la production musicale est bien plus large, bien plus métissée que ce que l’on pense. Je pense qu’il y a du bon à prendre dans toutes les musiques. Disons que j’aime improviser comme cela se fait dans le jazz ou certaines musiques dites « du monde » mais j’aime aussi fixer les choses comme cela se fait dans la pop, fixer des textures de claviers et des parties très écrites. Pour moi, la musique n’a pas de frontières et doit avant tout raconter des histoires. Et pour raconter ces histoires, il faut que chacun des musiciens trouve sa place et soit au service des autres. Donc, je dirais que ma musique est un mélange de nombreuses influences et j’essaie de rester moi-même avant tout sans penser au style.

Vous faites un magnifique cadeau au public bisontin en invitant Camélia Jordana, Naïssam Jalal et Sandra N’Kake, pourquoi avoir choisi ces musiciennes ?

A. P. : J’ai beaucoup réfléchi au groupe dans son ensemble. J’ai choisi des musiciens qui pourraient se fondre dans mon univers musical, qui sauraient comprendre ma musique et la pousser encore plus loin. J’ai choisi des musiciens qui me font vibrer avant tout. J’insiste sur le mot « musiciens » car je n’ai pas cherché spécialement à appeler des femmes. J’ai rencontré Camélia quand j’étais batteuse de Jeanne Added. Elle était venue chanter avec nous en guest. J’avais flashé sur son timbre et cette fraîcheur solaire qu’elle amène aux chansons. Avec Sandra, on a joué pour la première fois il y a deux ans, lors du festival « black and basque ». C’est une chanteuse puissante très impliquée (aussi physiquement) dans la musique. Camélia et Sandra sont très différentes vocalement, c’est ce qui m’intéresse aussi. Naïssam, je l’ai entendue sur un concert d’Aziz Sarmahoui, elle m’avait beaucoup impressionnée, chaque note était habitée, sincère, et elle ne cherche pas la performance technique. J’aime jouer avec des musiciens qui pensent avant tout à la musique et non pas à servir leur ego.

Cela fait quelques mois que vous travaillez avec des musiciens francs-comtois dans le cadre d’une collaboration avec le Cyclop Jazz Action *, pourriez-vous nous dire quelques mots de ces rencontres et de ce qui en a émergé ?

A. P. : C’est une expérience très intéressante que de travailler avec tous ces musiciens tout au long de l’année. J’apprends autant d’eux qu’ils apprennent de moi. J’aime la façon qu’ils ont de s’impliquer, de faire de leur mieux, de chercher. Aussi je ne me positionne pas comme professeur, ce qui à mon sens rend l’expérience plus intéressante. C’est un échange, je leur fais juste partager mon expérience, mon univers, je les amène sur d’autres terrains... Je me réjouis à l’idée de les retrouver bientôt.

 

* association Franc-Comtoise qui défend le jazz et les musiques improvisées via un travail de diffusion et de territoire.