Une nouvelle amie

François Ozon - 1h47, France, 2014
ANAÏS DEMOUSTIER, ROMAIN DURIS, RAPHAËL PERSONNAZ ADAPTEé DU ROMAN DE RUTH RENDELL

À la suite du décès de sa meilleure amie, Claire fait une profonde dépression, mais une découverte surprenante au sujet du mari de son amie va lui redonner goût à la vie.

Alors qu’elle enterre son amie, Claire (Anaïs Demoustier, éblouissante) revit en accéléré leur rencontre, leur pacte et toutes ces choses que Laura a faites avant elle: séduire un homme, se marier, donner naissance à une petite fille. Et mourir. D’emblée, on les connaît toutes les deux, l’une hyper féminine, l’autre un peu dans l’ombre. Ce que raconte François Ozon de façon iconoclaste, sensible et profonde, c’est le retour dans la lumière de Claire. Il aura fallu pour cela qu’elle rencontre une femme blonde cajolant le bébé de la disparue. Or cette femme n’est autre que David (Romain Duris, étrangement sobre), maquillé jusqu’au bout des ongles. Passé la surprise et la colère, Claire est traversée par bien des sentiments. La question du genre, de la différence, de l’acceptation de l’autre est au centre d’Une nouvelle amie. Épousant l’évolution des personnages et de leur désir, la mise en scène, très maîtrisée, plonge le spectateur dans divers états tant le cinéaste explore de pistes. Il y a notamment celle du conte, où les filles portent des tabliers roses et où le château des parents de Laura ressemble à celui de la Belle au bois dormant.
La comédie almodovarienne, avec le plaisir du travestissement, les joyeuses virées shopping, la sensualité des peaux et des étoffes. Enfin, il y a l’empreinte du mélodrame à la Douglas Sirk où le chemin pour accéder au monde de l’autre est semé d’embûches, où les obsessions amoureuses sont aussi effrayantes que magnifiques. Foisonnant, drôle et retors, le film passionne, questionne et bouscule. Et ce, bien après sa conclusion.
Isabelle Daniel, Première

Le 11 août
Le 11 août 2015 à 20h30
1h47
de 2,50 à 5€