LES SALAUDS DORMENT EN PAIX

M. Iwabuchi, puissant homme d’affaires, s’apprête à marier sa fille à son fidèle secrétaire. Mais le repas de noces est troublé par une succession d’événements. Éclate bientôt un scandale financier mettant en cause le fonctionnement de la compagnie...

Avec Les salauds dorment en paix, Kurosawa a confié qu’il avait voulu faire un film sur la corruption de la haute finance, dénoncer les exactions des grandes sociétés. Mais s’il va très loin dans ses accusations, Kurosawa n’entend pas réaliser un film ouvertement politique et emprunte la forme du récit policier. Particulièrement dense, la dramaturgie du film évoque à la fois le film noir, la tragédie et le mélodrame. Certains éléments proviennent d’Hamlet, tandis que l’atmosphère générale du film fait penser à une certaine tradition du polar social. Cependant, la somptuosité de la mise en scène, la précision du cadre, la composition quasi-picturale des plans n’appartiennent qu’à l’auteur des Sept Samouraïs, et démontrent s’il en était besoin que son génie d’esthète ne se limite pas à un certain talent pour le calligraphisme ou la reconstitution historique.
Olivier Père, Les Inrocks