Le journal d'une femme de chambre

Benoît Jacquot - 1h35, France, 2015
LéA SEYDOUX, VINCENT LINDON, CLOTILDE MOLLET, VINCENT LACOSTE

Début du XXe siècle, en province. Très courtisée pour sa beauté, Célestine est une jeune femme de chambre nouvellement arrivée de Paris au service de la famille Lanlaire. Repoussant les avances de Monsieur, Célestine doit également faire face à la très stricte Madame Lanlaire qui régit la maison d’une main de fer. Elle y fait la rencontre de Joseph, l’énigmatique jardinier de la propriété, pour lequel elle éprouve une véritable fascination.

Comme lorsqu’il observait la chute de l’Ancien Régime à travers les yeux d’une dame de compagnie de Marie-Antoinette dans Les Adieux à la reine, Benoît Jacquot autopsie les maux de la société française au tournant du XXe siècle en suivant au plus près une soubrette rebelle. Personnage romanesque en diable, que trois flash-back nuancent formidablement, elle symbolise à la fois la cristallisation des rapports de classe, la soumission à l’ordre patriarcal et le désir d’émancipation grandissant des femmes. Source inépuisable d’interprétations, le roman d’Octave Mirbeau avait inspiré un marivaudage charmant à Jean Renoir et un drame bourgeois aux accents surréalistes à Luis Buñuel. Benoît Jacquot en tire de son côté une adaptation réaliste assez scrupuleuse qui met paradoxalement en relief la modernité du texte dont la résonance actuelle ne manque pas de troubler: antisémitisme véhément (l’action se passe en pleine affaire Dreyfus), pression sur les salariés, discrimination sexuelle... Le constat est implacablement dressé par Jacquot, grand cinéaste classique, renoirien pour ainsi dire, qui s’appuie, en dehors de Léa Seydoux et de Vincent Lindon, sur des seconds rôles bluffants pour asseoir la cohérence du projet.
Christophe Narbonne, Première

Le 28 juillet
Le 28 juillet 2015 à 20h30
1h35
de 2,50 à 5€