BRICKS
QUENTIN RAVELLI - 1H30, FRANCE, 2017
Des carrières d’argile abandonnées aux crédits immobiliers impayés, les briques espagnoles incarnent le triomphe puis la faillite économique d’un pays. Usines qui ferment la moitié de l’année, ville fantôme curieusement habitée, guerre populaire contre les expropriations orchestrées par les banques : suivre le parcours d’une marchandise – les briques – donne un visage à la crise et dessine les stratégies individuelles ou collectives qui permettent de la surmonter.
En espagnol, on appelle « brique » le dossier d’expulsion envoyé aux victimes locales de la crise des subprimes. À côté de ça, un « coup de brique » désigne un coup de fric. L’ironie sémantique est au centre de ce remarquable documentaire sur les impacts de la crise immobilière et financière en Espagne. D’un côté, Valdeluz, cité fantôme, cimetière d’un projet mort-né de ville nouvelle (9000 logements, 30 000 habitants). De l’autre, une usine de briques de la Sagra, au sud de Madrid, en difficulté depuis que les commandes ont décliné. Entre les deux, la Plateforme des Victimes du Crédit, mouvement social venant en aide aux milliers de familles expropriées par les banques (une tous les quarts d’heure !). Chargé de recherche au CNRS, Quentin Ravelli prolonge à l’écran son livre Les Briques rouges. Dettes, logement et luttes sociales en Espagne et son travail de sociologue avec un beau sens de l’image et de la conceptualisation politique.
Nicolas Schaller, Le Nouvel Obs