bangkok nites
bangkok nites
bangkok nites
bangkok nites
bangkok nites
bangkok nites
bangkok nites
bangkok nites
bangkok nites
bangkok nites

BANGKOK NITES

KATSUYA TOMITA - 3H, JAPON, FRANCE, THAÏLANDE, LAOS, 2017
AVEC SUBENJA PONGKORN, SUNUN PHUWISET, HITOSHI ITÔ

Bangkok, mégalopole en perpétuelle expansion. En son cœur, la rue Thaniya, quartier rouge destiné à la clientèle japonaise. Luck en est l’une des reines. Elle subvient à sa famille nombreuse demeurée dans une province du nord-est, près de la frontière laotienne. Un jour, elle retrouve Ozawa, un ancien client et amant japonais qui vivote dans une chambre modeste des bas quartiers. Quand Ozawa doit se rendre au Laos, elle l’accompagne pour le présenter à ses proches et comme pour lui donner une dernière chance. Loin de Bangkok, Ozawa aspire à une vie paisible, mais c’est sans compter sur les cicatrices du colonialisme, des guerres, et celles de Luck.

Toute une poétique du cinéma asiatique, du Taïwanais Hou Hsiao-hsien au Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, se déploie dans ce film au profit d’une vision politique par laquelle son auteur, le Japonais Katsuya Tomita, se distingue de ces modèles. Cinéaste autodidacte découvert à Locarno en 2011 avec le magnifique Saudade, Tomita est un artiste qui, tout en cultivant un sens esthétique prodigieux, incarne fortement la présence des laissés-pour-compte de l’ordre mondialisé. L’exotisme pop auquel on réduirait à bon compte Bangkok Nites ouvre en vérité sur des abîmes : Stigmates de la colonisation française et américaine en Asie. Reconduction par l’industrie du plaisir de l’assujettissement thaïlandais à l’impérialisme nippon. Continuation de la guerre par le moyen d’un commerce qui accumule les biens en détruisant le monde. Transformation des sociétés en agrégats de solitudes exponentielles. Ce monde, si lointain puisse-t-il paraître, est bien le nôtre. À ce titre, Katsuya Tomita se profile comme une grande révélation du cinéma asiatique contemporain. Rares sont aujourd’hui les cinéastes qui, comme lui, réussissent à se hisser à la hauteur d’une telle ambition, alliant avec un aussi généreux talent la sensation et l’idée, le romanesque et le document, l’esthétique et la politique. Et la foi en l’utopie d’une refondation nécessaire du monde.
Jacques Mandelbaum, Le Monde

Du 23 au 28 avril
Le 23 avril 2018 à 17h
Le 24 avril 2018 à 19h
Le 28 avril 2018 à 14h
de 2,50 à 5€