La bobine de Ruhmkorff 1
La bobine de Ruhmkorff 1
La bobine de Ruhmkorff 1
La bobine de Ruhmkorff 1

Pierre Meunier en portrait

publié le 31/01/2017

Il y a des mots sur lesquels on s’assoit quand d’autres ne nous laissent pas tranquilles...

Avec La Bobine de Ruhmkorff, du nom de ce générateur électrique capable d’obtenir des tensions particulièrement élevées, Pierre Meunier poursuit sa méditation autour du sexe, de l’amour et du rapport à l’autre, entamée avec Sexamor, spectacle créé en 2010.

Pierre Meunier est un amoureux du langage, il malaxe les mots comme il compile la matière et invente à chacune de ses créations des mondes singuliers peuplés de machines sorties tout droit de son imaginaire.

Son écriture nous invite à un vagabondage à la fois cru et poétique, drôle et grave, assurément tendre. Il est animé par l’impérieuse nécessité de rester perméable à la splendeur du monde et aux énigmes qui le composent, et ses spectacles sont autant de piqûres de rappel nous intimant délicieusement l’ordre de garder notre curiosité intacte et le regard neuf sur ce (ceux ?) qui nous entoure et nous anime. Tour à tour poète, chercheur, géologue, physicien et, avant tout, humain plus qu’humain, il part ainsi en quête, s’attaque aux lois de l’attraction, de l’attirance entre les pôles... opposés. En toute simplicité, il tente d’expliciter l’insondable, ce qui fait que le courant passe ou ne passe pas, avec ce regard étonné, à la fois buté et grand ouvert, drôle et offert.

Or donc, prenez comme postulat de départ que l’homme n’est jamais à la hauteur de ses espérances. Ajoutez à cela quelques savantes divagations physiques donc métaphysiques dont lui seul a le secret, agitez le tout et découvrez avec La Bobine de Ruhmkorff, ce Pierre Meunier nouveau qui, dans un format immuablement poétique, tente de réconcilier la tête et le corps ! Don Quichotte des mots, et dans un biotope bien à lui, il bondit, résiste à la chute et dessine avec humour et une véritable tendresse un tableau grave et léger de notre condition humaine. Last but not least, il en profite pour y déployer une écriture belle à pleurer qui n’est pas sans rappeler celle d’un Francis Ponge ou d’un Raymond Devos. Âmes sensibles, s’abstenir !